Arnauld LEBOMO, une figure majeure de la scène politique gabonaise, a partagé ses réflexions sur les récents bouleversements politiques au Gabon. Il a exprimé son soutien à la prise de pouvoir par les Forces de défense et de sécurité, considérant que cela était nécessaire en raison de la détérioration des conditions politiques, économiques et sociales dans le pays.
QUESTION 1 : le Gabon vit, pour la première fois de son histoire, une transition militaire au sommet de l’Etat. Qu’en pensez-vous ?
REPONSE 1 : Avant la chute du régime Bongo, le peuple gabonais faisait face à un régime répréhensif. La gouvernance politique, économique et sociale de notre pays allait de mal en pis. C’est donc en conséquence de ces faits et des aspirations à un changement du peuple gabonais, que les Forces de défense et de sécurité réunies autour du CTRI ont pris leurs responsabilités en prenant le pouvoir le 30 août 2023.
Cette prise du pouvoir par les Forces de défense et de sécurité est donc, pour ma part, à saluer, car, le peuple n’en pouvait plus. Il aspirait depuis fort longtemps à un changement de régime dans l’espoir de voir leurs conditions de vie s’améliorer.
Aussi, elle est à applaudir car, elle permettra non seulement d’obtenir une refonte de notre Etat mais aussi et surtout, une restructuration de nos Institutions, qui, jadis, étaient entièrement à la solde de la gabegie du pouvoir déchu.
QUESTION 2 : Que pensez-vous de la composition de la nouvelle architecture institutionnelle de la Transition ?
REPONSE 2 : fidèle aux textes légaux en vigueurs dans notre pays, je perçois dans ces équipes, la représentation de toutes les forces vives de la société. Un savant mixte qui allie jeunesse et expérience et qui tient surtout compte des consultations politiques effectuées par le Président de la Transition, le Général de Brigade, Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA. Nous pouvons donc y trouver des personnalités de la récente Majorité, de l’Opposition, de la Société civile, de l’activisme politique, et j’en passe.
A côté de cela, je pourrais ajouter que, cette architecture qui regorge plusieurs compétences et guidée par le pragmatisme du Président de la Transition, serait à même de répondre aux attentes immenses et légitimes des gabonais. Lesquelles attentes sautent ostensiblement aux yeux de tout dirigeant soucieux du bien-être de ses populations. Au nombre de ces attentes, notons la lutte contre les inégalités, la sécurité intérieure, la stabilité politique, le respect des droits de l’homme, l’implication des citoyens dans le processus politique et les négociations ou renégociations des accords internationaux.
QUESTION 3 : En matière de vie chère, peut-on espérer des mesures fortes en faveur de la population ?
REPONSE 3 : L’inflation à laquelle fait face le Gabon a de nombreuses conséquences sur le panier de la ménagère. La hausse des prix des biens et services pèse globalement sur le pouvoir d’achat des ménages et impacte de manière hétérogène la population. Les prix des produits de première nécessité ont continué à augmenter depuis le mois de mai.
La population gabonaise, en particulier les couches les plus vulnérables, doit jouir d’une meilleure qualité de vie grâce à l’accès à un travail décent, à la sécurité alimentaire et un accès aux énergies propres grâce à la gestion durable des ressources naturelles. Les choix tous azimuts du Gouvernement qui vont conduire les lendemains meilleurs du peuple gabonais, ont la lourde charge de satisfaire impérativement les besoins fondamentaux des gabonais.
Le Chef du Gouvernement, en la personne de Raymond Ndong Sima, doit lutter efficacement à la satisfaction des besoins fondamentaux des gabonais, à travers des mesures fermes visant à lutter contre la vie chère. L’inflation pèse sur le pouvoir d’achat des ménages, sur la capacité d’acheter des biens et services avec un revenu minimum fixé à 150 000 FCFA.
Je crois fermement que les éminents professeurs, architecte et membre de la société civile sélectionnés par le Chef du Gouvernement peuvent permettre aux populations rurales et urbaines d’accéder à une vie convenable. D’ailleurs, dans un livre publié en 2022 par Monsieur Raymond Ndong Sima intitulé « Quel renouveau pour le Gabon ? », l’homme politique reprochait au président Ali Bongo Ondimba, dont il fut le Premier Ministre de 2012 à 2014, de ne pas avoir engagé les réformes promises en matière de bonne gouvernance. Maintenant, l’homme est invité à l’édification d’une Nouvelle République.
QUESTION 4 : Quelles seraient les attentes sociales des populations à l’endroit du CTRI ?
REPONSE 4 : C’est très certainement l’un des plus importants défis du « CTRI », le volet social. Il est évident que les Gabonais l’attendent sur cette question. Il faut préciser que Les attentes sociales des populations à l’égard du Gouvernement sont un sujet essentiel au regard des premières mesures fortes qui ont été prises. Le Chef de l’État en est bien conscient, car la souffrance des gabonais est l’une des raisons pour lesquelles il y a eu ce sursaut patriotique.
Les défis sont nombreux : Emploi, Santé, Éducation, Protection sociale la liste n’est pas exhaustive. Mais une chose est certaine, il faut mettre le pied sur l’accélérateur, car l’amélioration des conditions de vie des populations est fondamentale et les Gabonais n’ont plus le temps d’attendre. Le pragmatisme du Chef de l’Exécutif est particulièrement attendu sur cette question.
QUESTION 5 : A quoi pourrait ressembler le paysage politique d’après Transition ?
REPONSE 5 : Il serait difficile voire prétentieux de faire un dessein exhaustif du paysage politique du pays d’après Transition. Toutefois, à la lecture des différents mouvements au sein de la classe politique, nous constatons que, l’ancien Parti au pouvoir ne parvient pas à se remettre depuis le renversement de son Président, Ali Bongo Ondimba ; comme constaté lors de leur récente déclaration. Déclaration teinte d’apathie, de flagrante vacuité de l’intelligencia dudit Parti et d’un adoubement soudain au profit du tombeur de leur régime.
D’autre part, il me serait aisé de noter aussi que la plate-forme politique Alternance 2023, qui faisait office de figure radicale de l’Opposition au régime déchu, se trouve elle aussi en délicatesse comme l’attestent les récents évènements survenus au sein dudit mouvement. Raymond Ndong Sima a claqué la porte pour rejoindre le CTRI et bénéficie ce jour, du portefeuille de la Primature. Paulette Missambo, quant à elle, a accepté de rejoindre le CTRI et de présider le Sénat, Idem pour François Ndong Obiang qui depuis hier, a été nommé Premier Vice-Président de l’Assemblée Nationale.
D’un autre côté, nous assistons à la déchéance de Mick Jocktane, directeur de campagne du candidat consensuel de la plate-forme Alternance 2023 et Therence Gnembou Moutsona, tous deux interpellés pour intelligence avec les puissances étrangères. Ondo Ossa quant à lui, se retrouve esseulé et englué dans des soupçons de tentative de déstabilisation de l’Etat comme constaté dans les médias.
A la lumière de ce tableau funeste et au regard des objectifs fixés par le CTRI sur la reconfiguration de l’Etat et des Institutions, il est évident que nous assisterons dans les prochains mois, à l’essor d’une nouvelle configuration du visage politique.